De nombreux penseurs contemporains s’exercent à penser un monde « sans nous », une « Terre après nous », ou « un monde déserté par l’humain ». Comment expliquer un tel engouement pour des réflexions portant, en définitive, sur la disparition de l’humanité ?
Frédéric Neyrat propose l’hypothèse suivante : la théorie du monde sans hommes dissimule l’inversion de la réalité écologique, c’est-à-dire la tendance de l’humanité contemporaine à ravager consciencieusement les fondements écologiques de son existence. La disparition des êtres humains serait dès lors la dernière étape d’une destruction de la pluralité des formes d’existence qui composent un monde – la destruction du non-humain. Comment expliquer cette volonté cosmophage, cette aspiration à manger le monde, à engloutir tout ce qui n’est pas soi ? Est-ce la part inhumaine de l’humanité qui nourrit ce narcissisme glouton ?
Pour répondre ces questions, Frédéric Neyrat fera appel à la pensée de l’écologie, à l’anthropologie (Viveiros de Castro), et à la philosophie contemporaine – de Heidegger à Meillassoux et Negarestani en passant par Arendt.