Dénètem Touam Bona tire de nombreux enseignements du savoir-faire, du savoir-vivre des lianes. L’aptitude à développer des attachements n’est source de liberté que si l’on est capable aussi de faire sécession, face aux liens toxiques. Il faut donc, à l’image des lianes, savoir s’arracher à la pesanteur terrestre, et convertir le poids en légèreté. Figuration de plantes alliées, les lianes ont été pour le philosophe auxiliaires des luttes pionnières des « Indigènes » contre la marchandisation intégrale du vivant et l’uniformisation des modes d’existence.
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« Au point de départ de toute quête initiatique – et la vie en est une ! –, il y a l’expérience poétique : la saisie du monde comme totalité vivante, l’intuition que tous les éléments qui nous entourent, nous traversent et nous composent – le végétal, le minéral, l’eau, l’air, les ondes magnétiques – se répondent, s’entrelacent et forment un seul et même « cosmos ». La sagesse des lianes consiste non seulement dans l’expérience de ces liens cosmopoétiques, mais aussi dans la capacité à faire d’eux les cordes tendues d’arcs de combat. C’est pourquoi je vois dans les lianes – en tant que figuration des plantes alliées – les esprits auxiliaires des luttes pionnières des « Indigènes » contre la marchandisation intégrale du vivant et l’uniformisation des modes d’existence. L’art martial des lianes peut prendre toutes les formes, des bombes à fragmentation d’amarante à la subversion du droit occidental par des cosmovisions « autochtones » en passant par la sécession marronne. Ni priorité ni hiérarchie, faire feu de tout bois, avec la souplesse et l’agilité du singe ! »
