Cette rencontre est proposée à l’occasion de la sortie de Habiter l’utopie. Walter Benjamin architecte, qui clôt le triptyque benjaminien ouvert par Exercices sur le tracé des ombres (2010) et poursuivi par Terrhistoire (2023).
Habiter l’utopie. Walter Benjamin architecte est l’un des tout premiers ouvrages à s’attacher intégralement au regard de Benjamin sur l’architecture, la ville, le paysage. Un philosophe dont l’objet principal est le XIXe siècle peut-il parler aux contemporains que nous sommes ? Ce dont il parle n’est-il pas passé de mode, désuet, sans pour autant accéder à l’ « éternité » des classiques ? L’idée directrice de l’ouvrage est précisément de montrer le contraire.
Anne Roche y interroge les liens du philosophe à l’espace urbain, à l’espace habitable ou inhabitable et aux modes de vie.
À égale distance des chantres de la décroissance et des apôtres du « progrès » indéfini, Walter Benjamin se demande comment faire un monde habitable, où la nature ne soit pas exploitée par les empiètements de l’industrie et du profit mais redevienne « le corps inorganique de l’homme » (Marx). S’écartant du mobilier bourgeois et de l’architecture néo-classique, Benjamin cherche des alternatives. Du côté de l’architecture vernaculaire d’une Ibiza encore intouchée par le tourisme ; du côté, apparemment opposé, des matériaux de la modernité (verre, fer, béton) sans céder aux mirages d’un « progrès » dont il a vu, l’un des premiers, les ambiguïtés et les risques.