La puissance des récits réside dans leur capacité à faire monde. Considérant la hauteur des enjeux écologiques, politiques et sociaux contemporains, Isabelle Stengers nous invite à déplacer nos modes de questionnement et plaide pour une intelligence collective des pratiques qui honore les divergences. Pour la philosophe des sciences, il ne s’agit pas de construire un modèle mais une expérience pratique, non pas de nous convertir mais de “repeupler le désert dévasté de nos imaginations ».
Radicale, Isabelle Stengers considère en effet que « c’est à la barbarie que nous condamnent les récits et raisonnements dont nous sommes littéralement noyés ».
Selon la philosophe belge, nous avons en effet « désespérément besoin d’autres histoires », « non des contes de fées où tout est possible aux cœurs purs, aux âmes courageuses, ou aux bonnes volontés réunies, mais des histoires racontant comment des situations peuvent être transformées lorsque ceux qui les subissent réussissent à les penser ensemble. Non des histoires morales, mais des histoires « techniques » à propos de ce type de réussite, des pièges auxquels il s’est agi, pour chacune, d’échapper, des contraintes dont elles ont reconnu l’importance. Bref, des histoires qui portent sur le penser ensemble comme œuvre à faire ».
