L’humanité est en perte de sens face à la crise globale. Comment vivre ensemble dans un monde déboussolé ?
Mireille Delmas-Marty, juriste internationalement reconnu, propose une vision alternative pour répondre à la crise mondiale actuelle. Elle s’oppose aux récits pessimistes d’effondrement ou de repli, en faveur d’une approche de “mondialité”. Selon la juriste, cette mondialité repose sur une communauté de destin unie et solidaire, gouvernée par de nouveaux principes et une gouvernance mondiale adaptée. Elle imagine cette gouvernance comme une boussole, centrée sur des valeurs telles que la fraternité et la solidarité, qui guide les actions humaines tout en permettant un mouvement fluide.
Mireille Delmas-Marty insiste sur l’importance de repenser le droit et les normes pour relever les défis contemporains, en intégrant notamment les questions environnementales.
“La crise globale dans laquelle l’humanité est plongée à présent rappelle qu’à la différence des communautés nationales, unies par leur histoire et la mémoire d’un passé commun, c’est la conscience d’un futur destin commun qui pourra unir la communauté mondiale en formation.
D’où les nouveaux récits d’anticipation qui annoncent plusieurs destins possibles : le récit-catastrophe du grand effondrement ; le récit-programme chinois des nouvelles routes de la soie combinant le marché, les technologies numériques et le contrôle permanent ; le récit-aventure de la mondialité associant une politique de la solidarité et une poétique de la différence.
Pour guider le choix dans ce monde « déboussolé » qui a « perdu le nord » il faut imaginer une boussole inhabituelle : au centre, engendrés par la spirale des humanismes, des principes réconciliateurs, comme la fraternité, l’égale dignité, la solidarité ou la responsabilité, se rencontrent dans un réceptacle empli d’eau, symbole du vivant. Ce centre d’attraction accueille la gouvernance mondiale qui, tel le fil à plomb des bâtisseurs de cathédrales, stabilise les mouvements désordonnés de ce monde en mouvement, sans pour autant immobiliser les humains. En somme le contraire des pratiques mises en place pendant la pandémie…”